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En quoi consiste une lobotomie ?

cerveau lobotomie idée
Crédits : iStock / Urupong

On utilise aujourd’hui beaucoup ce mot comme synonyme de lavage de cerveau, ce qui nous fait parfois oublier qu’il s’agit avant tout d’un acte physique. Utilisée pendant longtemps en médecine, la lobotomie – aussi appelée leucotomie – est de nos jours une pratique relativement marginale qui est interdite dans de nombreux pays. Elle a toutefois été largement utilisée au cours du XXe siècle pour soigner des maladies mentales. Mais que désigne-t-on au juste par lobotomie ? 

Soigner le cerveau avec une lobotomie, vraiment ? 

À la fin du XIXe siècle, la médecine s’intéresse de plus en plus au cerveau, et plus précisément à son rôle dans les maladies mentales telle que la schizophrénie. Comme souvent dans ce milieu, les premiers tests consistant à manipuler (sectionner des fibres nerveuses) ou enlever une partie du cerveau sont effectués sur des animaux. Et les résultats stipulent que ceux ayant subi ce type d’opération sont plus calmes qu’auparavant. Ces essais se poursuivent jusque longuement au début du XXe siècle.

Au milieu des années 1930, un médecin portugais du nom de Antonio Caetano de Abreu Freire Egas Moniz décide de tenter l’opération sur un patient atteint de paranoïa. Ce dernier a donc eu le crâne perforé en deux endroits, afin d’y injecter de l’alcool éthylique. De cette façon, les circuits neuronaux considérés comme responsables de certaines maladies mentales ont été perturbés. Résultat : un baisse d’anxiété et des symptômes de cet homme ont été rapportés.

De fait, le docteur portugais – qui obtiendra un prix Nobel de médecine en 1949 malgré un accueil mitigé – effectuera d’autres opérations similaires. À l’aube des années 40, de nombreux spécialistes s’intéressent à la lobotomie, et mettent sur pied différentes techniques. Ainsi, le docteur Mario Adamo Fiamberti mettra en place en la lobotomie frontale transorbitaire, manœuvre considérée comme “moins lourde”. Ici, les circuits neuronaux sont sectionnés à l’aide d’un pic à glace inséré… via le globe oculaire. Pas très engageant, on en conviendra.

lobotomie pic à glace
Nécessitant moins de moyens, le pic à glace chirurgical était majoritairement utilisé pour faire des lobotomies. Crédits : iStock / AlexLMX

Un succès (heureusement) de courte durée

Si les Européens se montrent quelque peu sceptiques, les Américains s’emparent de cette technique révolutionnaire pour l’époque, qui permet de “soigner” en quelques minutes des maux que l’on ne savait pas comment prendre en charge avant. Les années 1940 verront donc un essor spectaculaire de cette pratique. Notamment, le médecin Walter Freeman pratiquera plus de 3500 lobotomies durant sa carrière !

Si les patients opérés sont en général plus calmes et moins anxieux, ils font en contrepartie et pour beaucoup l’objet d’une certaine apathie. En effet, on note chez ces personnes – dont certains étaient volontaires pour subir cette opération – une baisse de l’attention et de la concentration, ou encore des difficultés à avoir des réponses émotionnelles. Il faut également savoir que les femmes représentent plus de 80% des personnes lobotomisées ! La faute aux stéréotypes de genre…

Mais bientôt, ce qui était à la pointe de la médecine perd assez rapidement ses lettres de noblesse. Tout d’abord parce que les effets secondaires observés à long terme – en plus de la technique en elle-même – provoquent un large débat dans la communauté médicale. Puis le développement des médicaments antidépresseurs et autres achèveront de marginaliser cette opération. Aujourd’hui, cette pratique est largement délaissée au profit de ces traitements.

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