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Hara-kiri : en quoi consiste ce rituel japonais ?

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Ōishi Kuranosuke Yoshio Sepuku no Zu (Le seppuku d'Ōishi Kuranosuke Yoshio)Crédits :Wikimedia Commons / 樵僊 Shōsen

Si le Japon est connu pour être un leader mondial dans le secteur des nouvelles technologies, il n’en reste pas moins très imprégné de traditions ancestrales qui ne manquent pas de fasciner. Parmi elles figure notamment la cérémonie du hara-kiri, ce suicide rituel impressionnant. Mais pourquoi a-t-il été mis en place ? Est-il toujours d’actualité ? Faisons tout de suite un détour au pays du soleil levant afin d’en savoir plus.

Les samouraïs : l’honneur avant tout

Si nous utilisons aujourd’hui le terme hara-kiri dans la langue française, il existe un terme japonais plus spécifique : le seppuku. En soi, tous deux désignent une même action : un suicide par le biais d’une coupure mortelle dans le ventre. Mais si les francophones privilégient le premier terme, les Japonais lui préfèrent le second. Pourquoi ? Parce qu’il revêt une dimension plus “noble” et plus rituelle, faisant écho à une “quasi-tradition” du suicide. En somme, le seppuku est une forme cérémonielle de hara-kiri.

Il n’est pas là question de dire que ce type de suicide est une coutume répandue dans ce pays. En vérité, il s’agit plutôt d’un acte qui possède ses propres codes et gestuelles. Mais revenons au commencement. Les samouraïs, par le biais de leur code d’honneur – le Bushido – s’engagent à faire preuve de loyauté sans bornes envers leurs seigneurs. En cas de défaite, il convient donc de se sacrifier plutôt que de se rendre à l’ennemi, dans le but d’échapper à la honte.

Les gestes rituels

Les premiers seppukus

Il semblerait que cette pratique soit à la base originaire de Chine et était appliquée par les femmes. Elle a ensuite été reprise et instaurée vers le 12e siècle au Japon. Un des premiers seppukus à avoir mis en place certains rituels de cette cérémonie est celui de Minamoto no Yorimasa en 1180. Avant de passer à l’acte, ce samouraï aurait rédigé quelques vers sur son étendard. Depuis, une feuille et un pinceau figurent parmi les objets rituels présents lors d’un seppuku, dans le but de rédiger un poème avant de se porter le coup fatal.

seppuku Japon samouraï
Tousei buyuuden : Takasaki Saichirou, travail de Kunikazu Utagawa. Crédits : Wikimedia Commons

La cérémonie

D’autres éléments sont aussi requis pour respecter la tradition : boire du saké par exemple, et le fait que tout se passe en public – sauf pour ceux qui se voient condamnés au seppuku (le tsumebara). Les gestes aussi sont précis : le supplicié doit porter la lame à son estomac et s’entailler de gauche à droite, puis de bas en haut, le tout sur une quinzaine de centimètres.

On comprend dès lors que pour atténuer autant que possible la douleur, certains s’entouraient d’un second (le kaishaku), chargé de leur couper la tête au katana juste après ce geste. Mais d’autres choisissaient une mort lente et douloureuse, désireux de faire preuve de bravoure et d’honneur jusqu’à la fin.

Pourquoi le ventre ?

Après tout, il est vrai que lorsque l’on s’y attarde, mettre fin à ses jours en s’attaquant à cette partie du corps ne semble pas être le moyen le plus “rapide” et indolore. Mais là encore, il faut chercher du côté du symbole. Le ventre est considéré par de nombreux peuples asiatiques comme étant le siège de la personnalité. S’attaquer à son estomac est donc une preuve notable de courage et de résolution lors d’un seppuku.

Les seppukus les plus célèbres

Et de la bravoure, il en faut une bonne dose. Pourtant, de nombreux hommes ont décidé de mettre fin à leurs jours de cette manière, parfois lors de suicides collectifs impressionnants – les junshi. L’un des plus célèbres est sans nul doute celui des 47 ronins en 1703, qui avaient juré de venger la mort de leur daimyo (nom donné aux gouverneurs).

Ces samouraïs sans maître réussissent en effet à tuer celui qu’ils tiennent responsable de la mort de leur daimyo. Mais ils se voient par là même condamnés au suicide. Ils s’exécutent donc, clôturant ainsi l’un des passages les plus célèbres de l’histoire japonaise, largement repris dans les œuvres culturelles nationales.

tombe 47 ronins seppuku
Les tombes des 47 ronins au temple Sengaku -ji à Tokyo. Crédits : Wikimedia Commons/Fg2

Malgré la disparition progressive des samouraïs au fil des années, la pratique du seppuku a perduré en dépit de son abandon par les Japonais à la fin du XIXe siècle. Marqué par des défaites militaires, le général Nogi Maresuke demande à l’empereur Meiji l’autorisation de se suicider. Ce dernier refuse. Toutefois à la mort de l’empereur en 1912, le général se suicide par seppuku aux côtés de sa femme. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, des militaires ont également appliqué ce rituel.

En novembre 1970, l’écrivain Yukio Mishima a de son côté marqué les esprits avec une cérémonie largement relayée. À la suite d’un coup d’éclat raté visant à défendre l’empereur, il se fait seppuku. Mais son kaishaku, chargé de porter le coup de grâce, rate par deux fois son coup, faisant durer la souffrance de Mishima. C’est finalement un tiers qui l’achèvera.

On dénombre quelques autres seppukus depuis, mais la pratique s’est tout de même largement atténuée depuis une centaine d’années. Reste la fascination pour ce rituel hara-kiri, entre effroi et intérêt culturel.

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