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Nouvelle-Zélande : d’où vient le haka ?

Haka All Blacks
Crédits : PxHere / Waseem Farooq

Voilà plus d’un siècle que le haka a été popularisé grâce aux performances des All Blacks avant leurs matchs… Cette danse constitue une vitrine inattendue de la culture néo-zélandaise, et plus précisément maorie. Si le haka est aujourd’hui immanquablement associé au rugby, il s’avère qu’il possède un rôle beaucoup plus important qu’il n’y paraît. Petit tour au “pays du long nuage blanc” pour découvrir la richesse du haka.

Une danse guerrière, mais pas seulement

La Nouvelle-Zélande est un pays issu de la colonisation britannique qui peut faire figure d’exception. Si les Maoris ont largement pâti du vol de leurs terres, il s’avère que les colons ont eu plus de difficultés à faire disparaître leur culture, comme ce fut quasiment le cas pour les Aborigènes en Australie. Une des raisons invoquées ? Il s’avère qu’en substance, l’image du guerrier maori a durablement impressionné les Anglais. Et la pratique du haka n’y est pas pour rien, puisqu’il était réalise avant les combats.

Mais le haka existait bien évidemment avant la colonisation, sous différentes formes – et pas seulement en Nouvelle-Zélande, qui nous intéresse ici. En maori, c’est un terme générique que l’on peut traduire par “danse”, et qui est beaucoup plus que le chant guerrier que l’on connaît. Il existe en effet beaucoup de variations de cette danse, qui peut être déclinée pour plusieurs occasions. C’est à la base une sorte de virgule dansante et musicale pour ponctuer les temps forts d’une tribu : moments de deuil, de douleur ou de joie, victoire, cérémonie d’accueil, appel à la vengeance, etc.

Haka danse maorie
Crédits : Wikimedia Commons / Henryhbk

Des terres maories aux terrains de rugby

Dans le cadre de batailles, il s’agissait d’impressionner l’ennemi : les yeux révulsés, la langue sortie, les expressions faciales exagérées. Plus généralement, ces gestes – associés aux autres mouvements du corps – sont là pour mettre l’emphase sur les paroles qui sont prononcées. Les mélodies et chorégraphies changent donc en fonction des tribus et des occasions. Il existe donc une multitude de hakas ! Mais comment ces danses ont-elles fait pour survivre à la colonisation britannique ?

Pendant et après la colonisation, il est bien un terrain sur lequel Maoris et colons sont sur un pied d’égalité : celui du rugby. À la fin du XIXe siècle, la composition de l’équipe nationale est dominée par les Maoris, qui incorporent le haka avant les matchs. Mais il ne s’agit pas des seuls moments où il est réalisé. Dans un tout autre contexte, le haka est aussi observé lors de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. Les bataillons maoris mettent en effet un point d’honneur à le réaliser avant des affrontements, ce qui redonne là tout son sens à la notion de chant guerrier.

Haka bataillon maori
Un bataillon maori effectue le haka en juin 1941, en Égypte. Crédits : National Library of NZ

Un trésor national farouchement gardé

La suite, nous la connaissons. Avec la médiatisation croissante du rugby, les All Blacks offriront une renommée mondiale au haka dans les années 1990 avec leur fameux Ka Mate, emprunté à la tribu maorie des Ngati Toa. En 2005, ils réaliseront le Kapa o Pango, qui a été spécialement composé pour eux par Derek Lardelli. Entre autres, les joueurs de basket et de hockey observent aussi ce rituel d’avant match. Notons tout de même que cette utilisation est parfois taxée d’appropriation culturelle et fait débat.

Que l’on ne s’y trompe pas : il faut des années de pratique avant d’arriver à bien interpréter un haka. Depuis 2002, c’est même une discipline obligatoire dans les écoles néo-zélandaises, au même titre que les mathématiques ! Et sachez qu’il est très mal vu de singer cette danse, surtout quand il s’agit d’amuser la galerie. Se moquer du haka revient à souiller un symbole national qui n’est pas loin de surpasser l’hymne national en termes d’importance…

Le joueur Tana Umaga dirige le premier Kapa o Pango en 2005 :

Bibliographie :

GARDINER Wira, Haka, A Living Tradition, Éditions Hodder Moa.

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