Vous avez certainement déjà entendu que les esquimaux ou les Inuits auraient des dizaines de mots pour désigner la neige. Ce mythe s’est effondré, et voici pourquoi !
Qui sont les Esquimaux ?
Première chose, sachez tout d’abord que l’on peut écrire ce mot de deux autres façons différentes : eskimos ou eskimaux. Ensuite, il s’agit d’une appellation jugée discriminante, préférez utiliser le mot inuit. Mais il est surtout intéressant de constater que ce mot désigne en réalité un regroupement de peuples et de cultures. En effet, plusieurs tribus du Grand Nord canadien, de l’Alaska, du nord de la Russie et du Groenland sont regroupées sous ce nom. On retrouve les peuples suivants :
- Yupiks en Sibérie que l’on retrouve aussi en Alaska
- Inupiat en Alaska
- Inuvialuit, des Nunavut, des Nunavik et des Nunatsiavut au Québec et au Canada
- Kalaallit au Groenland
Ces différents peuples parlent des langues différentes, regroupées sous le nom de langues eskimo-aléoutes. De ce fait, on comprend très vite que chaque tribu à ses propres termes pour désigner la neige, et dire que les Inuits ont différentes façons de dire le mot neige revient à dire que les Européens ne parlent pas la même langue.
Des langues construites complètement différemment du français
Le mythe des dizaines de mots pour désigner “neige” a été retracé par Laura Martin en 1986. Il semble être né d’une théorie sur le langage : l’hypothèse de Sapir-Whorf. Dans cette hypothèse, l’anthropologue américain Edward Sapir tentait de démontrer que c’est au travers du langage qu’un peuple perçoit le monde. Or, il cite en exemple l’idiome inuit qui aurait, selon lui, trois mots pour désigner « neige ». Il ajoute ensuite que le mot générique snow (neige en anglais) n’aurait aucun sens pour un Inuit.
À ce stade, nous avons donc réduit les dizaines de mots à seulement trois pour désigner la neige. Mais même ici, Edward Sapir avait tort. Il existe différents types de langage en fonction de la construction des mots. Or, les langues inuits sont des langages polysynthétiques. Cela veut dire qu’ils peuvent résumer en un mot des phrases entières d’autres langues. Pour cela, ils ajoutent énormément de suffixes et de préfixes. Ce qu’Edward Sapir a pris pour différentes façons de dire neige, devait en réalité être des mots désignant : « neige tombée », « tempête de neige », « il neige », etc.
Il existe plusieurs langages polysynthétiques dans le monde. En Europe, on retrouvera par exemple :
- Le basque
- La plupart des langues de l’Europe du Nord (les langues finno-ougriennes) : le finnois, le same, le komi, le kanti, etc.
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