Cela peut paraître fou vu d’un regard extérieur, mais il semblerait que certaines personnes développent de l’empathie, voire de l’affection pour des personnes qui leur font du mal. Ce syndrome a été théorisé suite à une prise d’otages dans la capitale suédoise dans les années 1970. Mais comment cela a-t-il été possible ? Explications.
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La prise d’otages de 1973
Le syndrome de Stockholm a été formulé il y a une quarantaine d’années. Le 23 août, Jan-Erik Olsson retient 4 employés d’une banque dans leur établissement durant 6 jours. Le ravisseur réclame alors une rançon de 3 millions de couronnes, une voiture pour prendre la fuite ainsi que la libération de l’un de ses anciens co-détenus, Clark Olofsson. Les autorités accèdent à cette dernière demande, et laissent Olofosson rejoindre le preneur d’otages. Une voiture est également mise à sa disposition. Mais les policiers refusent de laisser les ravisseurs partir avec les otages.
La situation s’enlise durant un peu moins d’une semaine. Pendant ces jours, les policiers observent un comportement inhabituel chez les otages lorsqu’ils arrivent à communiquer avec eux. Certains avouent en effet se sentir en confiance avec Olsson et Olofosson, et avoir même peur qu’ils ne soient tués lors d’un assaut armé ! Pour stopper la prise d’otage, les forces de l’ordre acheminent du gaz lacrymogène dans le coffre-fort qui abrite victimes et agresseurs. Ces derniers finiront par se rendre.
Développer de l’empathie pour son agresseur, c’est possible ?
Lors de cette opération de libération, une des otages refusera de sortir avant les braqueurs, pour ne pas que la police tire dessus. Certains d’entre eux leur serrent la main et pleurent lors de la “séparation”. Après cela, les otages continueront de faire preuve de compassion envers leurs geôliers. Ils refuseront de témoigner contre eux, et iront voir leurs anciens geôliers après leur emprisonnement ! Voilà de quoi laisser perplexe.
Les psychologues qui se pencheront sur ces otages à leur libération finiront par théoriser leur état sous le nom de syndrome de Stockholm. Dans ce cas, les analyses psychologiques ont conclu que cela résultait notamment de l’infantilisation des otages – demander pour aller aux toilettes, avoir l’autorisation de manger ou l’interdiction de parler… Le tout dans un contexte traumatisant. Pendant ces 6 jours, le statut d’Olsson et d’Olofosson est donc passé de “ceux qui ont droit de vie ou de mort” à “ceux qui nous permettent de rester en vie”.
Ce qu’en disent les psychologues
Aujourd’hui, beaucoup connaissent le syndrome de Stockholm. De manière plus générale, il faut aussi noter qu’on l’utilise pour décrire la situation de personnes victimes de violences de la part de proches : violences conjugales, maltraitance. Il est aussi mobilisé pour expliquer les relations entre gourous et membres de sectes, ou encore les réactions d’une population face à une dictature.
Sa définition fait état de « sentiments paradoxaux de sympathie et de compréhension à l’égard des ravisseurs, d’hostilité et de crainte vis-à-vis de l’autorité et des forces de l’ordre, persistant parfois au-delà de la libération ». Il se développe lorsqu’une personne qui projette de tuer ou blesser une personne se rétracte et lui laisse la vie sauve. La gratitude qui s’ensuit crée donc un lien particulier de dépendance entre l’agresseur et sa victime.
Dès lors, par instinct de survie, cette dernière fera tout pour obéir au ravisseur et accéder à ses demandes. Cela explique alors la méfiance manifestée à l’égard des forces de l’ordre et l’attachement. Les autorités – en allant à l’encontre d’un agresseur – menacent donc l’équilibre précaire de la relation avec l’otage. Mais saviez-vous qu’il existe un effet quasiment inverse au syndrome de Stockholm ? Il s’agit du syndrome de Lima, lorsque les otages parviennent à influencer leurs agresseurs, voire à leur imposer leur avis !
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