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Le “Radeau de la Méduse” est inspiré d’une histoire vraie, laquelle ?

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Le Radeau de la Méduse, peinture à l"huile de Théodore Géricault, réalisée entre 1818 et 1819. Crédits : Wikimedia Commons / Louvre

Il y a des peintures qui de par leur sujet, et le talent avec lesquelles elles ont été réalisées, marquent l’histoire de l’art. Et que l’on y soit sensible – ou pas – impossible de passer à côté de certaines, qui sont bien souvent étudiées dans les programmes scolaires et réutilisées dans d’autres productions de la pop culture (films, publicités, etc.). c’est notamment le cas du Radeau de la Méduse de Géricault. Mais connaissez-vous l’histoire qui a inspiré ce tableau ? 

Une source d’inspiration bien particulière

À Paris, le Louvre n’abrite pas que La Joconde – que nombre de visiteurs admirent chaque jour. En effet, le sourire le plus célèbre du monde immortalisé par Léonard de Vinci en viendrait presque à éclipser le talent d’autres peintures exposées dans ce musée – notamment La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix et Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault. Ce dernier tableau a été peint à la fin des années 1810, et le peintre français s’est directement inspiré d’un fait réel pour sa toile.

Intéressons-nous donc à l’événement que Géricault a choisi de représenter. Au mois de juin 1816, La Méduse embarque avec trois autres navires français environ 400 personnes en direction du Sénégal. Le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys n’a à cette période pas navigué depuis 25 ans ! À l’époque il s’agit de “recoloniser” au nom de Louis XVIII ce territoire rétrocédé par les Anglais.

Le début du voyage se déroule sans problème majeur. Mais le capitaine de La Méduse distance les autres navires sans ralentir. Les soucis de navigation s’accumulent et dévoilent peu à peu l’incompétence de Chaumareys, qui néglige les règles élémentaires de sécurité et les signaux d’un navire de la frégate qui tente de lui indiquer qu’il fait fausse route. Il ne reste que cinq mètres de fond lorsque le bateau s’échoue sur le banc d’Arguin – au large de la Mauritanie – le 2 juillet 1816.

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La construction du radeau de la Méduse, gravure de Jules Noël, 1873. Crédits : Wikipédia

La tragédie de La Méduse

Il apparaît très vite que les canots de sauvetage ne pourront pas contenir tous les passagers. Alors que les plus aisés ainsi que Chaumareys se voient attribuer une place de choix dans ces embarcations, ceux qui restent n’ont d’autre option que de se construire un radeau de fortune. Dans une cohue générale qui fait suite à une tempête (le bateau commence à prendre l’eau), tout le monde quitte le navire le 5 juillet. Le radeau de fortune est alors amarré aux canots.

Or à la suite d’une erreur humaine ou d’un geste volontaire, les amarres ne vont pas tenir et le radeau se retrouve livré à lui-même. Dessus, environ 150 personnes qui peuvent à peine tenir sur cette embarcation de fortune. La panique s’empare alors d’eux : le radeau s’enfonce dans l’eau et des vivres sont jetés à la mer. Certains se suicident, d’autres deviennent fous, beaucoup tombent à la mer et ceux qui se croient perdus se mutinent. Très vite, il ne reste plus qu’une trentaine d’hommes.

Trois jours après le début du cauchemar, on observe déjà des actes de cannibalisme. En parallèle, d’autres trompent leur faim en rongeant des morceaux de cuir ou de corde. Puis les plus faibles sont exécutés pour faire gagner des portions de vivres aux autres. Lorsque la quinzaine de rescapés aperçoit un navire au loin le matin du 17 juillet, le soulagement est inespéré. Ce bateau salvateur n’est autre que L’Argus – un des 4 navires de la frégate initiale. Seuls 10 miraculés brûlés par le soleil regagneront ainsi les côtes en vie après leur sauvetage.

Plan du radeau de la Méduse, par Alexandre Corréard, 1818. Crédits : Wikimedia Commons

Le souci du détail

L’affaire fera grand bruit par la suite. Le commandant Chaumareys est jugé et condamné à  3 ans de prison pour ne pas avoir abandonné son navire le dernier, et pour n’avoir pas tenu compte des consignes de navigation. Quant à Géricault, il entreprend très tôt de réaliser une peinture à ce sujet. Grâce à la documentation et aux témoignages de rescapés, son œuvre sera empreinte d’un réalisme qui lui sera parfois reproché.

Pour peindre son tableau, il se rend en effet dans des morgues pour y faire des esquisses de cadavres, et il ramène avec lui des morceaux de corps pour en étudier la décomposition. Son atelier abritera même une réplique du radeau, reconstituée avec l’aide de rescapés de la tragédie. Par ailleurs son ami Eugène Delacroix lui sert de modèle pour le personnage du premier plan (qui est allongé sur le ventre).

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Le Radeau de la Méduse, peinture à l’huile de Théodore Géricault, réalisée entre 1818 et 1819. Crédits : Wikimedia Commons/Louvre

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