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MK-Ultra : le programme que la CIA n’a pas réussi à cacher 

programme MK-Ultra CIA
Photo d'illustration. Crédits : Flickr / Regan Walsh

La plus célèbre des agences gouvernementales doit sa notoriété à de nombreuses productions cinématographiques et littéraires. Et il est vrai que son histoire a de quoi générer nombre de scénarios dignes d’Hollywood. Mais la réalité des faits dépasse parfois la fiction. C’est notamment le cas pour le programme MK-Ultra, qui visait à contrôler le comportement via un “savant” cocktail de drogues. Comment un tel projet d’expérimentation a-t-il pu être mis en place ? 

Le contrôle des esprits

Bien qu’elle n’ait jamais amené à un conflit ouvert, la guerre froide aura déclenché son lot de tensions. De l’armement à la conquête spatiale, la concurrence est partout entre les pays des blocs est et ouest. De fait, il en découle des stratégies d’espionnage parfois très sophistiquées, ou encore des expérimentations à la limite de l’entendement.

En témoigne le programme MK-Ultra, qui n’avait rien d’autre en tête que de contrôler l’esprit humain ! C’est en effet le but fou que s’étaient fixé les instigateurs de ces recherches ultra sensibles – et donc secrètes. Les Américains craignaient en effet que leurs prisonniers de guerre (en Corée) ne subissent un lavage de cerveau fort préjudiciable aux intérêts de leur pays.

En la personne de son directeur Allen Dulles, la CIA met donc en place des stratégies de modification comportementale en 1953. Ce sont plus de 150 projets annexes qui en découleront. Mais quels moyens ont été utilisés pour mener ces recherches ?

Allen Dulles CIA MK-Ultra
Allen Dulles, directeur de la CIA qui a initié le programme MK-Ultra, fait la une du Times en 1953. Crédits : Wikimedia Commons/Boris Artzybasheff.

Les drogues comme armes potentielles

Le programme s’appuie entre autres sur l’expérience du psychiatre Sidney Gottlieb, spécialiste des drogues et poisons. Dès lors, des tests sont réalisés avec du LSD, mais aussi des champignons hallucinogènes, des méthamphétamines ou encore de la MDMA. Le but était de créer des substances susceptibles d’altérer la psychologie et la motricité d’une personne pour qu’elle soit plus facilement manipulable. Il était aussi question d’utiliser ces “techniques” dans le cadre de tortures.

On s’en doute, les volontaires pour ce type d’expériences ne se sont pas bousculés aux portes de la CIA. D’autant plus au vu du caractère on ne peut plus confidentiel des recherches. Beaucoup des personnes sur lesquelles ont été réalisés les tests n’avaient aucune connaissance de ce qu’il se passait. Il est notamment question du projet Midnight Climax.

Pourquoi une telle controverse ?

Pour celui-ci, des prostituées utilisées par CIA, étaient chargées d’attirer des hommes dans des maisons closes – officieuses bien sûr – de l’agence. Ainsi, on leur administrait à leur insu les fameux “cocktails de drogues”, et des experts observaient et en notaient les effets derrière une vitre sans tain.

Les expériences de ce type perdureront jusqu’en 1964. II en résulte de manière générale – et sans grande surprise – que les drogues sont des substances trop imprévisibles pour être utilisées, et que le risque de mortalité est trop élevé. Mais en vérité, difficile d’en savoir plus. Au vu de caractère exceptionnellement sensible de cette opération secrète, la CIA a détruit de nombreuses preuves à la fin du programme en 1973.

cerveau CIA MK-Ultra
Crédits : Pixabay/ Tumisu

(Presque) top secret…

De plus, environ deux morts suspectes sont liées au programme MK-Ultra, ce qui a amené les agents de la CIA à détruire nombre de documents. Mais les victimes restent nombreuses et souffrent de lourdes séquelles. Parmi ces cobayes figuraient des personnes atteintes de maladies mentales, des victimes de cancer en phase terminale, et certaines sources évoquent même des enfants.

Ce n’est qu’à la fin des années 1970 que l’affaire éclate au grand jour, sous l’impulsion du Congrès. Ce dernier souhaite enquêter sur les activités illégales de la CIA. Le non-respect des droits humains, la réquisition de locaux officiels pour les expériences (comme les universités de Stanford et de Colombia), l’utilisation de citoyens au nom de la “sécurité nationale”… Le peu de preuves retrouvées suffit à choquer les Américains, et la CIA souffre d’un sévère retour de bâton.

Les révélations se poursuivront quelques années après, faisait du projet MK-Ultra un des dossiers les plus sensibles de l’histoire américaine. Le scandale jettera durablement l’opprobre sur l’agence. Mais il semblerait qu’au vu des plus récentes accusations de torture, la CIA n’en ait pas fini avec les controverses…

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