Les images qui nous viennent à l’esprit à l’évocation de l’enfer sont toutes fort peu engageantes. Le sort des pauvres âmes maudites et condamnées à y “résider” pour l’éternité l’est encore moins. Pourtant, si l’on peut parfois s’imaginer un vaste capharnaüm où le désespoir en dispute à la douleur tant physique que psychologique, il n’en reste pas moins que l’enfer aussi possède ses propres règles. Il est d’ailleurs souvent question des 9 cercles de l’enfer. Mais quels sont-ils ?
Nous parlerons ici de la vision de l’enfer héritée de la religion chrétienne, telle que Dante a pu la visiter fictivement dans la Divine Comédie composée au début du XIVe siècle. C’est même à cet auteur que nous devons la description des 9 cercles de l’enfer, et la vision d’une hiérarchie que nous n’aurions pas imaginée dans un tel endroit. Ces 9 cercles portent en général le nom des péchés qu’ils punissent. Plus l’on se rapproche du centre, plus les châtiments se révèlent être à la hauteur des fautes commises. Alors, à l’image de Dante, allons nous aussi faire un tour dans le vaste royaume des âmes damnées.
Sommaire
1 · Limbes
C’est “le moins pire de tous” – ou peut-être le meilleur. S’y retrouvent toutes les âmes remarquables, mais non baptisées (ou antérieures au Christ) qui ont alors foulé cette Terre. Dante y rencontre par exemple Socrate, Homère ou encore Hippocrate. Ils résident dans un château équipé de 7 ponts censés représenter les 7 vertus chrétiennes.
2 · Luxure
Le second cercle entame bel et bien une entrée dans un lieu inhospitalier. Ici, le roi Minos accueille et répartit les âmes damnées dans les différents cercles de l’enfer en fonction de la gravité de leurs péchés. Dans la mythologie, cet ancien roi de Crète est connu pour être aussi juste qu’intransigeant.
Les personnes jugées coupables de péchés d’ordre charnel sont donc cantonnées au second cercle, où elles doivent continuellement faire face à des vents violents. Ceux-ci imagent le défaut d’une personne sans morale qui se laisse emporter par ses passions. Parmi les coupables se trouvent par exemple Cléopâtre, Hélène de Troie ou encore Tristan (l’amant d’Yseult).
3 · Gourmandise
Le troisième cercle abrite nul autre que Cerbère – le célèbre chien à trois têtes – qui tourmente sans faiblir les malheureux damnés de ses crocs et de ses griffes. Ceux-ci évoluent également dans de la boue, perpétuellement entretenue par une pluie glacée sans fin. La boue est censée représenter la bêtise de ces personnes qui se dégradent par leur attitude.
4 · Avarice
Dans cette partie supervisée par le dieu des ténèbres Pluton, les victimes – ou coupables selon le point de vue – sont divisées en deux groupes. Il y a celui des personnes qui dépensent sans compter, et celui des avares qui préfèrent amasser et économiser le moindre centime. Quoi qu’il en soit, tous se voient contraints de pousser des rochers énormes et lourds tout autour du cercle, tournant perpétuellement en rond. Ces fardeaux symbolisent leur égoïsme, et Dante aperçoit beaucoup de membres du clergé lors de son passage.
5 · Colère
C’est là que se fait le passage du Styx, le fleuve sur lequel les morts voguent vers leur ultime demeure selon la mythologie grecque. Ici, les damnés sont immergés dans l’eau, et contraints de s’y débattre pour l’éternité. Les malheureux se frappent et se mutilent, et sont dans l’impossibilité d’exprimer leur rage par des cris, comme paralysés.
6 · Hérésie
Ce sont les Furies, personnages mythologiques représentant la colère ou encore la vengeance, qui menacent Dante avant son arrivée dans le sixième cercle. Là souffrent celles et ceux qui ont refusé de se plier aux lois religieuses. Les voilà enterrés dans des tombes brûlantes, dont le couvercle est ouvert. Le philosophe Épicure figure notamment parmi ces âmes maudites.
7 · Violence
Le septième cercle est lui-même divisé en trois cercles. Le premier pour ceux qui ont offensé leur prochain (les voleurs, assassins et autres malfaiteurs). Des figures telles que le Centaure et Attila s’y trouvent, ébouillantés dans une rivière de sang.
Le second concerne les suicidés, et ceux qui se sont fait du mal. Ils sont transformés en arbres et leur punition est infligée par les Harpies (les créatures à tête de femme et corps d’oiseau). Ces dernières les lacèrent jusqu’au sang.
Enfin, le dernier est dédié aux blasphémateurs qui ne savent pas reconnaître la puissance divine ou celle de la Nature. Ils se trouvent dans une vaste plaine dont le sol est uniquement constitué de sable brûlant, arrosé par des flocons de feu qui tombent inlassablement.
8 · Tromperie
Tout comme pour le cercle précédent, les résidents du huitième cercle sont répartis dans plusieurs fosses, au nombre de dix.
- Les séducteurs sont fouettés par des démons.
- Les flatteurs sont ensevelis dans des excréments.
- Les simoniaques (qui ont vendu et/ou acheté des biens appartenant à l’Église) se retrouvent plongés dans des trous la tête en bas et les jambes enflammées.
- Les sorciers et autres devins voient leur tête tournée à l’envers et pleurent constamment sur leur sort.
- Les politiciens corrompus et menteurs sont jetés dans un immense lac de poix bouillante.
- Les hypocrites sont condamnés à marcher sans cesse, habillés de chapes de plomb.
- Les voleurs se trouvent acculés dans une fosse remplie de serpents.
- Les conseillers et menteurs : on y trouve par exemple Ulysse, punit pour sa ruse du cheval de Troie. Ils sont enveloppés et cachés dans des flammes.
- Les fauteurs de troubles qui provoquent des schismes sont grossièrement découpés à l’épée.
- Les alchimistes sont rongés par la lèpre et autres ulcères.
9 · Trahison
Toujours pour respecter une hiérarchie des péchés bien précise, le dernier cercle est divisé en quatre “quartiers”.
- Caïna : en rappel de Caïn, personnage biblique coupable de fratricide. Les coupables de crimes contre des membres de leur famille sont rassemblés ici.
- Anténora abrite les traîtres politiques ou qui ont trompé leur patrie.
- Tolomée, lieu où ceux qui s’en s’ont pris à leur hôte se retrouvent immobilisés dans la glace.
- Giudecca (dont le nom est inspiré de Judas) est la demeure de ceux qui ont trahi leur bienfaiteur.
Terminus des enfers. Au centre se trouve ensuite Satan – ce qui n’étonnera personne – décrit par Dante comme un monstre à trois têtes.
L’œuvre de Dante, en ce qu’elle décrit pour la première fois avec autant de détails une vision des enfers complète et documentée, est incontournable. En effet, la grande majorité des représentations de l’enfer postérieures à cette œuvre se basent sur ces écrits. La Divine Comédie aura largement alimenté l’imaginaire collectif chrétien et profane à propos de l’enfer.
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